Quelques textes, pour mieux comprendre et affronter les difficultés
de notre combat
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bilan environnement
2000 du groupe EDF
(...)Il nous appartient de trouver
des solutions viables, économiquement durables, qui permettent
à des pays émergents ou pauvres, comme
à des personnes en difficulté, de sortir de l'assistance pour
choisir les voies de leur propre développement (...).
François Roussely -PDG D'EDF
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Jacqueline Maitel,
avec Patrick Coquidé - L'Expansion -
22.10.01 ROUSSELY
:
LE COUP D'ECLAT
PERMANENT
A 56 ans, l'ancien
directeur de cabinet d'Alain Richard rêve d'un nouveau DESTIN:révolutionner
EDF.Surprise, l'ambition de cet homme de gauche s'accommoderait
bien des projets de la DROITE.
Surtout, ne
dites pas à François Roussely qu'il prépare la privatisation
d'EDF: il vous accuserait sur-le-champ de jeter de l'huile
sur le feu. Même l'expression si pudibonde d'« ouverture du
capital », qu'il a pourtant évoqué le premier à Davos, lui
fait froncer te sourcil à Paris. A quelques mois de l'élection
présidentielle, son obsession est d'éviter de politiser un
débat ultrasensible qu'il réduit, du coup, à une préoccupation
« purement économique ».
En dépit de
ce discours savamment maîtrisé, l'ambition majuscule de François
Roussely, 56 ans, perce jour après jour. Cet enfant de « la
laïque » et de la méritocratie française, haut fonctionnaire
habile dans la coulisse et dévoué au service de l'Etat pendant
un bon quart de siècle, rêve aujourd'hui d'une nouvelle vie.
Celle d'un super-capitaine d'industrie, un global ployer,
acteur décomplexé de la mondialisation, comme vient encore
de le prouver le rachat du premier distributeur britannique,
Eastern Electricity, pour 15 milliards de francs. Il veut
à la fois libérer EDF de son passé et le propulser dans une
nouvelle aventure. C'est peu dire que nul n'attendait François
Roussely pour incarner un tel destin.
I1
y a quelques mois encore, la rumeur lui attribuait le poste
de directeur de campagne du futur candidat Lionel Jospin.
Aujourd'hui, les ténors de la droite confient mezza voce leur
propre intérêt, en cas de victoire, à utiliser la force motrice
d'un homme si lucide sur l'avenir de ce fleuron national.
François Roussely
jubile, il est en passe de réussir une incroyable métamorphose.
Dans tous les scénarios, il se pose comme un homme incontournable.
A ceux qui douteraient de son utilité, le président rappelle
négligemment l'échec cuisant d'Alain Juppé en 1995 : « Une
réforme ne peut avancer que si elle est collectivement acceptée...
" "François n'a jamais été aussi épanoui aux réalités de l'époque
et aux besoins de nos concitoyens. » II a orchestré la décentralisation
avec Gaston Defferre, modernisé la police avec Pierre Joxe,
réformé les armées avec Joxe, Léotard, Million, Richard...
Jusqu'au jour où il décide de changer de terrain. de sa vie,
remarque l'un de ses amis. Il a réalisé ce dont il rêvait
en trouvant un rôle à sa mesure. »
Lui qui a si
longtemps exécuté la politique des autres vole désormais de
ses propres ailes. C'est cet été que le président d'EDF a
acquis une nouvelle stature, quand il a lancé au nez et à
la barbe de ses amis politiques et de sa tutelle un raid pour
le moins audacieux sur l'italien Montedison, soulevant une
minitempête en Europe. Sur le coup, LAURENT FABIUS a piqué
une terrible colère : ayant assuré aux Italiens qu'EDF n'avait
pris que 4 % du capital, il s'aperçoit que le chiffre est
monté à 20 %...
Les
pouvoirs publics ne s'attendaient pas à être mis devant le
fait accompli. Mais une alliance
avec Fiât résout le problème, et l'OPA, finalement acceptée
par Montedison, se révèle un succès. A tel point qu'aujourd'hui
Bercy applaudit le maestro et laisse même entendre que 1 idée
de ce coup de génie avait germé dans le cerveau du ministre
des Finances lui-même... Ceux qui le connaissent savent que
François Roussely avait une prédisposition pour imprimer sa
marque à EDF II y a dans cet homme-là, qui a autant de sang-froid
que son mentor Pierre Joxe une vocation de « passeur ... «
A EDF comme au ministère de l'Intérieur ou de la Défense,
souligne-t-il, je fais le même métier : adapter des grandes
structures La tentation de l'entreprise l'a saisi sur le tard.
Nommé en 1991 secrétaire général de la Défense - toujours
par Joxe -, il survit à la cohabitation et à l'élection de
Jacques Chirac en 1995.
Mais après
six années de pouvoir régalien, Roussely a envie de se prouver
qu'il est capable d'exercer une responsabilité plus directe
- « un spasme existentiel », dit-il. Il accepte en janvier
1997 le Poste de secrétaire général de la SNCF auprès de son
ami Louis Gallois: Cela a été six mois enthousiasmants. >.
En juin, la gauche gagne aux législatives et Lionel Jospin
le presse de prendre la tête du cabinet d'Alain Richard. Roussely
cède à contrecœur. Il mène - au pas de charge, dit-on - les
restructurations industrielles Thomson, Aérospatiale, EADS)
et se frotte aux grands patrons (Tchuruk, Dassault, Lagardère,
Forgeard). Mais il a attrapé le virus de l'entreprise et surveille
EDF-où le Président, Edmond Alphandéry, et le directeur général,
Pierre Daurès, se livrent une guérilla sanglante. Partisans
de Daurès, les grands barons d'EDF réclament la tête d'Alphandéry.
Lionel
Jospin limoge les deux et nomme Roussely, qui pose une condition:
mettre fin à la dyarchie président-directeur général.
Le navire amiral EDF ne doit avoir qu'un seul pacha. FORT
MAL ACCUEILLI à EDF, François Roussely donne très vite la
mesure de son savoir-faire politique. . Il a commencé par
aller visiter la base, puis a entrepris une épuration dans
le calme mais sans état d âme », raconte un ancien. Les ex-séditieux
ont été déplacés ou invités à une retraite prématurée. Au
comex (comité exécutif) le seul survivant est l'indispensable
directeur financier, Jacques Chauvin. En quelques mois, Roussely
a redressé la barre et imposé le cap, mieux qu'Alphandery
n'avait réussi à le faire « François a, bien plus que moi,
l'intelligence politique des situations, constate Louis Gallois.
Il
est capable de disséquer un rapport de force, d'analyser les
stratégies et de voir comment les infléchir » En stratège,
il commence par retourner la politique d'alliance syndicale
des précédents directeurs généraux qui privilégiât la CFDT,
et s'appuie sur la CGT car il estime qu'on ne peut pas bouleverser
une entreprise contre un syndicat qui recueille 54 % de votes.
Résultat : la centrale a ratifié l'accord sur les trente-cinq
heures et vient, la semaine dernière de signer celui sur le
comité de groupe européen. Pour asseoir son pouvoir et préparer
l'avenir, François Roussely joue de tous les réseaux :.. Pour
faire signer par tous les syndicats l'accord social de 1999,
raconte un observateur, il a su se concilier aussi bien les
catholiques de gauche que l'aile protestante qu'il connaît
bien par Joxe, et même les anciens trotskistes, dont Joliot,
le secrétaire général qu'il a amené dans ses bagages, reste
proche. Il s'est réconcilié avec les ingénieurs du nucléaire
(la filière du Bugey). Et il a toujours ses entrées parmi
les francs-maçons, nombreux dans l'entreprise, même s'il n'a
jamais affiché ses positions. >. Toujours cette obsession
de jouer de toutes les cultures de la maison, détenir en main
tous les fils.
En trois ans,
Roussely a changé l'organisation, recruté des hommes du privé,
rajeuni les équipes, vendu le vieux siège de la rue Louis-Murat.
Et, surtout, fait souffler sur EDF le vent de la concurrence.
Mais est-ce suffisant ? « II y a encore beaucoup à faire.
La direction a saisi l'intérêt de la concurrence, pas toute
la hiérarchie », tranche ainsi Jean Syrota, le président de
la commission de régulation de l'électricité. A écouter François
Roussely, il ne reste plus qu'à faire une « révolution paisible
» pour concilier les impératifs du service public en France
et ceux de l'expansion internationale. Mais rien n'est paisible
à EDF. Les dirigeants doivent sans cesse faire leurs preuves
et donner des gages de leur engagement ; en quelques mois,
plusieurs membres du comex ont été écartés, dont Claude Hue,
la directrice des ressources humaines, et même Loïc Capéran,
le patron du pôle clients venu de Fiât (un atout aujourd'hui),
a parfois été en position difficile.
Les
cadres intermédiaires et la base s'inquiètent de rumeurs qui
évoquent un plan de dégraissage de 10 000 à 30 000 personnes
après les élections.
Mais Rousaely avance et met
au point pour janvier prochain une nouvelle organisation -
dite « pilotage tête de groupe » dans le jargon maison - en
branches géographiques, une configuration de combat destinée
à refléter l'internationalisation du Groupe EDF. En 2005,
l'objectif du président est de réaliser 50 % du chiffre d'affaires
hors du marché électrique français, ce qui nécessite des investissements.
L'Etat actionnaire n'a pas versé un sou depuis 1982. D'où
la question de l'ouverture du capital... « François Roussely
se pose des questions ; c'est le droit et le devoir d'un chef
d'entreprise », souffle-t-on à Bercy.
En fait, l'avenir d'EDF se jouera aux élections de 2002. Si
la gauche est partagée, la droite l'est presque autant. Alain
Madelin est pour l'ouverture du capital d'EDF et la constitution
d'un second pôle électrique autour de Suez. Au RPR, Nicolas
Sarkozy souhaite la « privatisation immédiate » de l'entreprise
publique, mais Fillon et Borotra freinent des quatre fers.
Rien dans les positions de
François Roussely, qui s'enorgueillit toujours d'être enraciné
à gauche, n'est incompatible avec les projets de la droite.
A condition que personne ne parle de démanteler EDF. "II n'y
a pas pour EDF une politique de gauche et une politique de
droite. Il n'y a qu'une seule stratégie: en faire une des
plus grandes entreprises énergétiques du monde. Le concept
small is beautiful ne fonctionne pas dans l'énergie », prévient-il,
avec une idée très claire de son plan de route. Personne n'imagine
donc François Roussely retourner de gaieté de cœur à la Cour
des comptes. En revanche, s'il n'était entendu, ses amis le
voient bien écrire un livre sulfureux sur la réforme de l'Etat,
le dernier mammouth, affirme-t-il, presque gourmand, « qui
n'ait pas encore cherché à changer ».
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Q.
Sénat n° 29689
du
7 Décembre 2000 (page 4117)
de M. MOREIGNE
Michel, Creuse, PS M Michel Moreigne attire l'attention de
M le secrétaire d'Etat à l'industrie sur la mise en oeuvre
du » droit à l'électricité « mentionné à l'article 1er de
la loi n° 2000-108 du 10 février 2000 relative à la modernisation
et au développement du service public de l'électricité. Le
service public a pour mission de concourir à la cohésion tant
territoriale que sociale. Electricité
de France a l'obligation de fournir à chacun de l'électricité,
considérée comme un produit de première nécessité. Ainsi,
les mécanismes d'aide pour la fourniture d'électricité aux
plus démunis ont été renforcés et, parallèlement, une tarification
spéciale » produit de première nécessité « tenant compte des
ressources des familles et des situations de précarité doit
être instaurée. Il lui
demande de préciser quelle sera l'articulation du droit à
l'énergie électrique pour tous avec le fonds d'aide à l'énergie
(FAE) et avec le service de maintien de l'énergie (SME) institués
par EDF en application de la législation relative à la lutte
contre l'exclusion.
Réponse
publiée au JO Sénat
du
10 Mai 2001 (page1606)
Réponse. -
Le Gouvernement est attentif aux situations de précarité et
notamment à leurs conséquences en matière d'accès à l'énergie.
La loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions
dispose que toute personne ou famille en situation de précarité
a droit à une aide de la collectivité pour accéder ou préserver
son accès à une fourniture d'eau, d'énergie ou de téléphone.
Pour l'application de ces dispositions, une convention nationale
a été signée entre l'Etat et EDF-GDF. Cette convention est
relayée par des conventions départementales fixant le mode
d'attribution des fonds d'aide aux impayés d'énergie. Dans
chaque département a été mise en place une commission, habilitée
à examiner les dossiers établis avec le concours d'EDF-GDF,
des services sociaux ou des associations caritatives et à
délivrer des aides financières. La loi du 10 février 2000
sur le service public de l'électricité a renforcé le dispositif
d'aide aux personnes en situation de précarité. L'article
2 de la loi du 10 février 2000 prévoit qu'un décret doit définir
les modalités de cette aide, notamment les critères nationaux
à respecter par les conventions départementales d'attribution
des aides en fonction des revenus et des besoins effectifs
des familles et des personnes concernées. Le projet de décret
correspondant, dont la rédaction a fait l'objet d'une large
concertation avec les partenaires concernés, a été examiné
par le Conseil supérieur de l'électricité et du gaz, dont
la consultation est obligatoire, lors des séances du 28 février
et du 16 mars 2001. Il est actuellement soumis à la signature
des ministres concernés. Ce texte définit les critères nationaux
d'attribution des aides du fonds d'aide à l'énergie de nature
à assurer un traitement homogène des demandes, tout en permettant
aux commissions de disposer de la marge d'appréciation nécessaire.
Ce décret précise également l'obligation
faite au distributeur d'électricité de proposer le » service
maintien d'énergie « à toute personne en situation de précarité
ayant fait une demande d'aide auprès d'une commission départementale.
Enfin, le projet de décret prévoit que les commissions
pourraient attribuer des aides financières préventives, visant
à éviter la formation de situations d'endettement. Ces dispositions
viendront compléter le dispositif sur le tarif spécial » produit
de première nécessité « prévu par la loi électrique, en introduisant
une certaine souplesse, notamment pour éviter la création
d'effets de seuil. Le décret relatif au tarif spécial » produit
de première nécessité « est en cours de préparation et fera
également l'objet d'une large concertation.
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L'HUMANITE
17
Mars 2001 -
POLITIQUE
"
Le démantèlement d'EDF et GDF "
Denis
Cohen :Secrétaire général
de la Fédération nationale CGT des mines et de l'énergie.
Quelles
appréciations portez-vous sur les propositions de la commission
?
Denis
Cohen.
Nous sommes face à un projet purement libéral. Celui-ci accélère
la déréglementation du secteur énergétique. Pour le rendre
plus présentable, les références au service public y sont
nombreuses. On parle de baisse des prix, de droit à l'énergie,
mais ce ne sont que des concessions verbales. L'organisation
que la Commission veut mettre en place s'oppose complètement
à ces ambitions. Au-delà des mots, elle livre aux grands groupes
un marché estimé à 250 milliards d'euros chaque année.
Que
pourraient être les conséquences ?
Denis
Cohen.
Ces décisions auraient des conséquences immédiates sur l'emploi,
les retraites, l'outil industriel et le service public. De
plus, elles structureraient durablement une Europe de l'argent
au détriment de l'Europe sociale. Concrètement, la directive
prévoit l'indépendance légale du gestionnaire du réseau de
transport, c'est-à-dire l'éclatement des outils industriels
que représentent EDF et GDF, leur démantèlement. L'éligibilité
totale des clients, industriels et des usagers, conduirait
à la mise à mort du système de péréquation qui permet à la
France de vendre de l'énergie au même prix en tout point du
territoire. Cela aurait des conséquences dramatiques en termes
d'aménagement du territoire, d'appauvrissement de certaines
régions et d'une concentration encore plus forte de la richesse
économique dans d'autres régions. La Commission, qui n'évoque
jamais le terme de péréquation, tente de répondre aux critiques
en faisant la promotion d'un " tarif abordable pour tous ".
Je ne sais pas ce que signifie " abordable ", je pense même
que ça ne veut rien dire. D'ailleurs, elle ne se donne aucun
moyen réel de contrôle. Encore une fois, tout cela n'est que
de la poudre aux yeux. On peut aussi s'attendre à ce que la
déréglementation s'effectue au détriment des investissements
à long terme. Nous ne nous rendons pas compte des conséquences
à venir, parce que le processus n'a que trois ans en Europe.
Mais regardons les pays qui ont fait le pas avant l'Europe
: en Grande-Bretagne, les coûts de la fourniture en électricité
ont augmenté, en Californie, le réseau privé n'a même pas
été capable de répondre à la demande, les habitants ont tout
simplement été privés de courant !
Quelle
va être la réponse de la CGT ?
Denis
Cohen.
Les populations ont des attentes fortes vis-à-vis du service
public, quant au coût mais également vis-à-vis de la proximité,
de la démocratie, de l'environnement, de l'emploi. C'est d'ailleurs
ce qui fonde les résistances croissantes pour développer le
service public et faire du droit à l'énergie un droit de l'homme.
Les manifestations européennes de Porto, de Nice et, cette
année, de Porto Alegre en témoignent. Nous allons poursuivre
notre action pour défendre cette conception de l'industrie
énergétique qui ne répond pas à une simple logique financière.
Je crois que la Commission veut aller vite dans la déréglementation
pour que l'on ne puisse pas revenir en arrière, parce qu'elle
sent que la contestation monte. Ses propositions s'appuient
malheureusement sur les choix des directions de nos entreprises
publiques et du gouvernement qui appellent de leurs voux l'accélération
de la déréglementation et le recours au capital privé. Pour
répondre à cette offensive, nous lançons un appel à la mobilisation
du côté des élus locaux, des syndicats européens, des associations
d'usagers et des députés de Strasbourg, mais nous voulons
aussi mettre sur pied une manifestation nationale en France
avant l'été.
Propos recueillis
par D. B.
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