ACTION ENERGIE

(page 3)

 

Collectif d'Action Contre le Chômage d'Alès et des Cévennes

750 Rte de La Royale ....30100 Alès...Tel et fax .....04.66.55.82.26

 

 









Archives

janvier 2002




 

 

Quelques textes, pour mieux comprendre et affronter les difficultés de notre combat

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------

bilan environnement 2000 du groupe EDF

(...)Il nous appartient de trouver des solutions viables, économiquement durables, qui permettent à des pays émergents ou pauvres, comme à des personnes en difficulté, de sortir de l'assistance pour choisir les voies de leur propre développement (...).

François Roussely -PDG D'EDF

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Jacqueline Maitel, avec Patrick Coquidé - L'Expansion -

22.10.01 ROUSSELY :

LE COUP D'ECLAT PERMANENT

A 56 ans, l'ancien directeur de cabinet d'Alain Richard rêve d'un nouveau DESTIN:révolutionner EDF.Surprise, l'ambition de cet homme de gauche s'accommoderait bien des projets de la DROITE.

Surtout, ne dites pas à François Roussely qu'il prépare la privatisation d'EDF: il vous accuserait sur-le-champ de jeter de l'huile sur le feu. Même l'expression si pudibonde d'« ouverture du capital », qu'il a pourtant évoqué le premier à Davos, lui fait froncer te sourcil à Paris. A quelques mois de l'élection présidentielle, son obsession est d'éviter de politiser un débat ultrasensible qu'il réduit, du coup, à une préoccupation « purement économique ».

En dépit de ce discours savamment maîtrisé, l'ambition majuscule de François Roussely, 56 ans, perce jour après jour. Cet enfant de « la laïque » et de la méritocratie française, haut fonctionnaire habile dans la coulisse et dévoué au service de l'Etat pendant un bon quart de siècle, rêve aujourd'hui d'une nouvelle vie. Celle d'un super-capitaine d'industrie, un global ployer, acteur décomplexé de la mondialisation, comme vient encore de le prouver le rachat du premier distributeur britannique, Eastern Electricity, pour 15 milliards de francs. Il veut à la fois libérer EDF de son passé et le propulser dans une nouvelle aventure. C'est peu dire que nul n'attendait François Roussely pour incarner un tel destin.

I1 y a quelques mois encore, la rumeur lui attribuait le poste de directeur de campagne du futur candidat Lionel Jospin. Aujourd'hui, les ténors de la droite confient mezza voce leur propre intérêt, en cas de victoire, à utiliser la force motrice d'un homme si lucide sur l'avenir de ce fleuron national.

François Roussely jubile, il est en passe de réussir une incroyable métamorphose. Dans tous les scénarios, il se pose comme un homme incontournable. A ceux qui douteraient de son utilité, le président rappelle négligemment l'échec cuisant d'Alain Juppé en 1995 : « Une réforme ne peut avancer que si elle est collectivement acceptée... " "François n'a jamais été aussi épanoui aux réalités de l'époque et aux besoins de nos concitoyens. » II a orchestré la décentralisation avec Gaston Defferre, modernisé la police avec Pierre Joxe, réformé les armées avec Joxe, Léotard, Million, Richard... Jusqu'au jour où il décide de changer de terrain. de sa vie, remarque l'un de ses amis. Il a réalisé ce dont il rêvait en trouvant un rôle à sa mesure. »

Lui qui a si longtemps exécuté la politique des autres vole désormais de ses propres ailes. C'est cet été que le président d'EDF a acquis une nouvelle stature, quand il a lancé au nez et à la barbe de ses amis politiques et de sa tutelle un raid pour le moins audacieux sur l'italien Montedison, soulevant une minitempête en Europe. Sur le coup, LAURENT FABIUS a piqué une terrible colère : ayant assuré aux Italiens qu'EDF n'avait pris que 4 % du capital, il s'aperçoit que le chiffre est monté à 20 %...

Les pouvoirs publics ne s'attendaient pas à être mis devant le fait accompli. Mais une alliance avec Fiât résout le problème, et l'OPA, finalement acceptée par Montedison, se révèle un succès. A tel point qu'aujourd'hui Bercy applaudit le maestro et laisse même entendre que 1 idée de ce coup de génie avait germé dans le cerveau du ministre des Finances lui-même... Ceux qui le connaissent savent que François Roussely avait une prédisposition pour imprimer sa marque à EDF II y a dans cet homme-là, qui a autant de sang-froid que son mentor Pierre Joxe une vocation de « passeur ... « A EDF comme au ministère de l'Intérieur ou de la Défense, souligne-t-il, je fais le même métier : adapter des grandes structures La tentation de l'entreprise l'a saisi sur le tard. Nommé en 1991 secrétaire général de la Défense - toujours par Joxe -, il survit à la cohabitation et à l'élection de Jacques Chirac en 1995.

Mais après six années de pouvoir régalien, Roussely a envie de se prouver qu'il est capable d'exercer une responsabilité plus directe - « un spasme existentiel », dit-il. Il accepte en janvier 1997 le Poste de secrétaire général de la SNCF auprès de son ami Louis Gallois: Cela a été six mois enthousiasmants. >. En juin, la gauche gagne aux législatives et Lionel Jospin le presse de prendre la tête du cabinet d'Alain Richard. Roussely cède à contrecœur. Il mène - au pas de charge, dit-on - les restructurations industrielles Thomson, Aérospatiale, EADS) et se frotte aux grands patrons (Tchuruk, Dassault, Lagardère, Forgeard). Mais il a attrapé le virus de l'entreprise et surveille EDF-où le Président, Edmond Alphandéry, et le directeur général, Pierre Daurès, se livrent une guérilla sanglante. Partisans de Daurès, les grands barons d'EDF réclament la tête d'Alphandéry.

Lionel Jospin limoge les deux et nomme Roussely, qui pose une condition: mettre fin à la dyarchie président-directeur général. Le navire amiral EDF ne doit avoir qu'un seul pacha. FORT MAL ACCUEILLI à EDF, François Roussely donne très vite la mesure de son savoir-faire politique. . Il a commencé par aller visiter la base, puis a entrepris une épuration dans le calme mais sans état d âme », raconte un ancien. Les ex-séditieux ont été déplacés ou invités à une retraite prématurée. Au comex (comité exécutif) le seul survivant est l'indispensable directeur financier, Jacques Chauvin. En quelques mois, Roussely a redressé la barre et imposé le cap, mieux qu'Alphandery n'avait réussi à le faire « François a, bien plus que moi, l'intelligence politique des situations, constate Louis Gallois.

Il est capable de disséquer un rapport de force, d'analyser les stratégies et de voir comment les infléchir » En stratège, il commence par retourner la politique d'alliance syndicale des précédents directeurs généraux qui privilégiât la CFDT, et s'appuie sur la CGT car il estime qu'on ne peut pas bouleverser une entreprise contre un syndicat qui recueille 54 % de votes. Résultat : la centrale a ratifié l'accord sur les trente-cinq heures et vient, la semaine dernière de signer celui sur le comité de groupe européen. Pour asseoir son pouvoir et préparer l'avenir, François Roussely joue de tous les réseaux :.. Pour faire signer par tous les syndicats l'accord social de 1999, raconte un observateur, il a su se concilier aussi bien les catholiques de gauche que l'aile protestante qu'il connaît bien par Joxe, et même les anciens trotskistes, dont Joliot, le secrétaire général qu'il a amené dans ses bagages, reste proche. Il s'est réconcilié avec les ingénieurs du nucléaire (la filière du Bugey). Et il a toujours ses entrées parmi les francs-maçons, nombreux dans l'entreprise, même s'il n'a jamais affiché ses positions. >. Toujours cette obsession de jouer de toutes les cultures de la maison, détenir en main tous les fils.

En trois ans, Roussely a changé l'organisation, recruté des hommes du privé, rajeuni les équipes, vendu le vieux siège de la rue Louis-Murat. Et, surtout, fait souffler sur EDF le vent de la concurrence. Mais est-ce suffisant ? « II y a encore beaucoup à faire. La direction a saisi l'intérêt de la concurrence, pas toute la hiérarchie », tranche ainsi Jean Syrota, le président de la commission de régulation de l'électricité. A écouter François Roussely, il ne reste plus qu'à faire une « révolution paisible » pour concilier les impératifs du service public en France et ceux de l'expansion internationale. Mais rien n'est paisible à EDF. Les dirigeants doivent sans cesse faire leurs preuves et donner des gages de leur engagement ; en quelques mois, plusieurs membres du comex ont été écartés, dont Claude Hue, la directrice des ressources humaines, et même Loïc Capéran, le patron du pôle clients venu de Fiât (un atout aujourd'hui), a parfois été en position difficile.

Les cadres intermédiaires et la base s'inquiètent de rumeurs qui évoquent un plan de dégraissage de 10 000 à 30 000 personnes après les élections. Mais Rousaely avance et met au point pour janvier prochain une nouvelle organisation - dite « pilotage tête de groupe » dans le jargon maison - en branches géographiques, une configuration de combat destinée à refléter l'internationalisation du Groupe EDF. En 2005, l'objectif du président est de réaliser 50 % du chiffre d'affaires hors du marché électrique français, ce qui nécessite des investissements. L'Etat actionnaire n'a pas versé un sou depuis 1982. D'où la question de l'ouverture du capital... « François Roussely se pose des questions ; c'est le droit et le devoir d'un chef d'entreprise », souffle-t-on à Bercy. En fait, l'avenir d'EDF se jouera aux élections de 2002. Si la gauche est partagée, la droite l'est presque autant. Alain Madelin est pour l'ouverture du capital d'EDF et la constitution d'un second pôle électrique autour de Suez. Au RPR, Nicolas Sarkozy souhaite la « privatisation immédiate » de l'entreprise publique, mais Fillon et Borotra freinent des quatre fers. Rien dans les positions de François Roussely, qui s'enorgueillit toujours d'être enraciné à gauche, n'est incompatible avec les projets de la droite. A condition que personne ne parle de démanteler EDF. "II n'y a pas pour EDF une politique de gauche et une politique de droite. Il n'y a qu'une seule stratégie: en faire une des plus grandes entreprises énergétiques du monde. Le concept small is beautiful ne fonctionne pas dans l'énergie », prévient-il, avec une idée très claire de son plan de route. Personne n'imagine donc François Roussely retourner de gaieté de cœur à la Cour des comptes. En revanche, s'il n'était entendu, ses amis le voient bien écrire un livre sulfureux sur la réforme de l'Etat, le dernier mammouth, affirme-t-il, presque gourmand, « qui n'ait pas encore cherché à changer ».

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Q. Sénat n° 29689

du 7 Décembre 2000 (page 4117)

de M. MOREIGNE Michel, Creuse, PS M Michel Moreigne attire l'attention de M le secrétaire d'Etat à l'industrie sur la mise en oeuvre du » droit à l'électricité « mentionné à l'article 1er de la loi n° 2000-108 du 10 février 2000 relative à la modernisation et au développement du service public de l'électricité. Le service public a pour mission de concourir à la cohésion tant territoriale que sociale. Electricité de France a l'obligation de fournir à chacun de l'électricité, considérée comme un produit de première nécessité. Ainsi, les mécanismes d'aide pour la fourniture d'électricité aux plus démunis ont été renforcés et, parallèlement, une tarification spéciale » produit de première nécessité « tenant compte des ressources des familles et des situations de précarité doit être instaurée. Il lui demande de préciser quelle sera l'articulation du droit à l'énergie électrique pour tous avec le fonds d'aide à l'énergie (FAE) et avec le service de maintien de l'énergie (SME) institués par EDF en application de la législation relative à la lutte contre l'exclusion.

Réponse publiée au JO Sénat

du 10 Mai 2001 (page1606)

Réponse. - Le Gouvernement est attentif aux situations de précarité et notamment à leurs conséquences en matière d'accès à l'énergie. La loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions dispose que toute personne ou famille en situation de précarité a droit à une aide de la collectivité pour accéder ou préserver son accès à une fourniture d'eau, d'énergie ou de téléphone. Pour l'application de ces dispositions, une convention nationale a été signée entre l'Etat et EDF-GDF. Cette convention est relayée par des conventions départementales fixant le mode d'attribution des fonds d'aide aux impayés d'énergie. Dans chaque département a été mise en place une commission, habilitée à examiner les dossiers établis avec le concours d'EDF-GDF, des services sociaux ou des associations caritatives et à délivrer des aides financières. La loi du 10 février 2000 sur le service public de l'électricité a renforcé le dispositif d'aide aux personnes en situation de précarité. L'article 2 de la loi du 10 février 2000 prévoit qu'un décret doit définir les modalités de cette aide, notamment les critères nationaux à respecter par les conventions départementales d'attribution des aides en fonction des revenus et des besoins effectifs des familles et des personnes concernées. Le projet de décret correspondant, dont la rédaction a fait l'objet d'une large concertation avec les partenaires concernés, a été examiné par le Conseil supérieur de l'électricité et du gaz, dont la consultation est obligatoire, lors des séances du 28 février et du 16 mars 2001. Il est actuellement soumis à la signature des ministres concernés. Ce texte définit les critères nationaux d'attribution des aides du fonds d'aide à l'énergie de nature à assurer un traitement homogène des demandes, tout en permettant aux commissions de disposer de la marge d'appréciation nécessaire. Ce décret précise également l'obligation faite au distributeur d'électricité de proposer le » service maintien d'énergie « à toute personne en situation de précarité ayant fait une demande d'aide auprès d'une commission départementale. Enfin, le projet de décret prévoit que les commissions pourraient attribuer des aides financières préventives, visant à éviter la formation de situations d'endettement. Ces dispositions viendront compléter le dispositif sur le tarif spécial » produit de première nécessité « prévu par la loi électrique, en introduisant une certaine souplesse, notamment pour éviter la création d'effets de seuil. Le décret relatif au tarif spécial » produit de première nécessité « est en cours de préparation et fera également l'objet d'une large concertation.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------

L'HUMANITE

17 Mars 2001 -

POLITIQUE

" Le démantèlement d'EDF et GDF "

Denis Cohen :Secrétaire général de la Fédération nationale CGT des mines et de l'énergie.

Quelles appréciations portez-vous sur les propositions de la commission ?

Denis Cohen. Nous sommes face à un projet purement libéral. Celui-ci accélère la déréglementation du secteur énergétique. Pour le rendre plus présentable, les références au service public y sont nombreuses. On parle de baisse des prix, de droit à l'énergie, mais ce ne sont que des concessions verbales. L'organisation que la Commission veut mettre en place s'oppose complètement à ces ambitions. Au-delà des mots, elle livre aux grands groupes un marché estimé à 250 milliards d'euros chaque année.

Que pourraient être les conséquences ?

Denis Cohen. Ces décisions auraient des conséquences immédiates sur l'emploi, les retraites, l'outil industriel et le service public. De plus, elles structureraient durablement une Europe de l'argent au détriment de l'Europe sociale. Concrètement, la directive prévoit l'indépendance légale du gestionnaire du réseau de transport, c'est-à-dire l'éclatement des outils industriels que représentent EDF et GDF, leur démantèlement. L'éligibilité totale des clients, industriels et des usagers, conduirait à la mise à mort du système de péréquation qui permet à la France de vendre de l'énergie au même prix en tout point du territoire. Cela aurait des conséquences dramatiques en termes d'aménagement du territoire, d'appauvrissement de certaines régions et d'une concentration encore plus forte de la richesse économique dans d'autres régions. La Commission, qui n'évoque jamais le terme de péréquation, tente de répondre aux critiques en faisant la promotion d'un " tarif abordable pour tous ". Je ne sais pas ce que signifie " abordable ", je pense même que ça ne veut rien dire. D'ailleurs, elle ne se donne aucun moyen réel de contrôle. Encore une fois, tout cela n'est que de la poudre aux yeux. On peut aussi s'attendre à ce que la déréglementation s'effectue au détriment des investissements à long terme. Nous ne nous rendons pas compte des conséquences à venir, parce que le processus n'a que trois ans en Europe. Mais regardons les pays qui ont fait le pas avant l'Europe : en Grande-Bretagne, les coûts de la fourniture en électricité ont augmenté, en Californie, le réseau privé n'a même pas été capable de répondre à la demande, les habitants ont tout simplement été privés de courant !

Quelle va être la réponse de la CGT ?

Denis Cohen. Les populations ont des attentes fortes vis-à-vis du service public, quant au coût mais également vis-à-vis de la proximité, de la démocratie, de l'environnement, de l'emploi. C'est d'ailleurs ce qui fonde les résistances croissantes pour développer le service public et faire du droit à l'énergie un droit de l'homme. Les manifestations européennes de Porto, de Nice et, cette année, de Porto Alegre en témoignent. Nous allons poursuivre notre action pour défendre cette conception de l'industrie énergétique qui ne répond pas à une simple logique financière. Je crois que la Commission veut aller vite dans la déréglementation pour que l'on ne puisse pas revenir en arrière, parce qu'elle sent que la contestation monte. Ses propositions s'appuient malheureusement sur les choix des directions de nos entreprises publiques et du gouvernement qui appellent de leurs voux l'accélération de la déréglementation et le recours au capital privé. Pour répondre à cette offensive, nous lançons un appel à la mobilisation du côté des élus locaux, des syndicats européens, des associations d'usagers et des députés de Strasbourg, mais nous voulons aussi mettre sur pied une manifestation nationale en France avant l'été.

Propos recueillis par D. B.

retour

SIGNEZ LA PETITION SUR L'ENERGIE POUR LES PLUS PAUVRES